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Pourquoi tuer la divinité? Nous sommes ici au cœur des
cultes des vodum béninois (vaudou en Haïti, candomblé à
Bahia au Brésil, orisha en pays yoruba du Nigéria et du
Bénin). L'étude symbolique de six textes et de cent cinquante
noms d'initiées (vodunsi) à cette divinité DAN, nous fait
découvrir les problèmes existentiels tels qu'ils sont vécus
dans ces cultures du Golfe du Bénin. Non seulement ceux,
clairement exprimés, du contrôle de la fertilité agricole
et de la fécondité humaine, mais aussi ceux, plus fondamentaux
et primordiaux, de l'obtention de la connaissance et du
pouvoir, de la maîtrise du destin. A travers le meurtre
du vodun Dan, au-delà de sa décapitation, de la mise de
sa tête dans la calebasse, et de la transe, l'homme veut
s'approprier le vodun et sa puissance, et connaître ainsi
le bonheur, malgré un sort et des évènements contraires.
"Entre le destin inexorable institué pour un individu
et la réalisation effective de ce destin, il existe une
issue possible", selon Mayer Fortes. "L'issue possible"
est ici le meurtre symbolique du vodun, par lequel le héros
affirme sa capacité à parvenir par lui-même au bonheur
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